« La France périphérique » de Christophe Guilluy — 2020-02-10

« La France périphérique » de Christophe Guilluy

Dans La France périphérique, Christophe Guilluy défend plusieurs thèses, certaines déjà énoncées et développées dans son prédécent livre, d’autres nouvelles.

La spécialisation des territoires et la relégation de la « France périphérique ». La création de richesse se concentre de plus en plus dans le réseau des métropoles les plus dynamiques. Cette spécialisation du territoire a chassé les classes populaires, ouvriers et employés, catégories encore majoritaires dans la population active, hors de celles-ci.

Pour l’auteur, ce vaste ensemble sociologique relégué regroupe un peu plus de 34.000 communes (sur 36.000), soit 60% de la population française, proportion dont les trois quarts appartiennent eux-mêmes aux catégories populaires. C’est cette « France périphérique » qui donne son titre à l’ouvrage.

Lu sur Slate : « La France périphérique » de Christophe Guilluy

Les paradoxes de la «diagonale du vide»

La diagonale du vide, c’est cette bande de territoire allant du Nord-Est de la France jusqu’au Sud-Ouest en passant par le Massif central, caractérisée par une faible densité démographique et une tendance à la dépopulation.

Cette expression alimente souvent un discours alarmiste, voire catastrophiste, en opposant une France urbaine supposée riche et dynamique à une France rurale abandonnée, en voie d’appauvrissement et de désertification.

Cette opposition est simpliste et le tableau de la diversité territoriale de la France est beaucoup plus complexe et composite. Une étude récente de l’INSEE à partir du dernier recensement le montre à nouveau.

À lire sur TelosLes paradoxes de la « diagonale du vide »

Exils (ou l'exclusion)

Depuis le travail de Christophe Guilluy sur La France périphérique, et sa grille d’analyse des fractures sociales qui divisent les territoires de la République et surtout depuis le début de l’implacable confirmation de sa vision qu’a apporté le soulèvement des Gilets jaunes, j’ai comme l’impression que les élites n’ont de cesse de vouloir décrédibiliser ces thèses qui — d’ailleurs — mettent tellement à nu leurs stratégies de domination.

Le premier cercle de l’exclusion

Pour la faire très courte : il n’est pas possible avec des revenus de zones périphériques de s’implanter à moins de 30 min d’une métropole régionale (c’est encore plus vrai pour la capitale). Les conditions demandées pour l’accès à des logements étriqués excluent de fait au moins 50 % de la population (en étant très généreuse). Je ne fais plus la liste des gens — pourtant pourvus de revenus supérieurs à la médiane — qui galèrent à satisfaire les innombrables exigences des agences immobilières et qui se retrouvent à mon âge à devoir… présenter la caution solidaire de leurs parents et autres stupidités dans le genre.

À lire chez Le MonolecteExils