Algorithmes partout, intelligence nulle part. A propos de Gillian Brockell. — 2018-12-13

Algorithmes partout, intelligence nulle part. A propos de Gillian Brockell

Chapô

L'histoire est de celles qui font monter les larmes. En tout cas moi j'ai eu les yeux qui piquent en la lisant. C'est celle d'une femme qui à perdu son enfant à la naissance. Un enfant mort-né. Une femme qui écrit aux patrons des GAFA, aux patrons des "Tech Companies", pour leur demander d'arrêter de lui proposer des liens publicitaires sur une maternité dont elle doit faire le deuil.

… A l'échelle qui est la leur, à l'échelle macro du ciblage comportemental, Gillian et son bébé ne comptent pas. Gillian et son bébé sont un simple bruit parasite dans la grande marche algorithmique de la prévisibilité qui ne tolère les écarts qu'à condition qu'elle puisse y creuser un nouveau segment marketing, une nouvelle critériologie de ciblage. Il y a des catégories à disposition des publicitaires pour à peu près tout et n'importe quoi : on peut cibler ceux qui détestent les juifs, ceux qui détestent les noirs, on peut cibler les suprémacistes blancs, non vraiment, on peut cibler à peu près tout. Mais on ne peut pas cibler Gillian et son bébé. On ne peut pas cibler les "décès à la naissance".

… Oh la catégorie existe. Il est en tout cas plus que probable qu'elle existe. Mais simplement elle n'est pas utilisée. Car elle n'est pas utile. Elle ne sert à rien puisqu'on n'a pas encore trouvé de truc à vendre à une maman dont le bébé est mort-né. Parce qu'une maman dont le bébé est mort-né n'a pas envie d'aller acheter des trucs.

… C'est juste ça la putain de raison qui fait que Gillian continue de se taper toutes ces putains de publicités. C'est juste ça. Juste parce qu'il n'y a pas de putain de marché pour les bébés morts-nés et leurs familles.

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